Miss Oyu
Titre original : Oyû-sama
Titre français : Mademoiselle Oyu
Réalisé par : Kenji Mizoguchi
Année : 1951
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 1h30
Interprété par
Tanaka Kinuyo
Hori Yûji
Shindo Eitaro
Otowa Nobuko
Yanagi Eijiro
Compositeur : Hayasaka Fumio
Scénariste : Yoda Yoshikata
Directeur photo : Miyagawa Kazuo
Scénario : Célibataire, Shinnosuke est présenté à l’une de ses lointaines cousines, Oshizu. Il tombe amoureux de sa soeur aînée, Oyû, une jeune veuve, mère d’un petit garçon. Sous la pression de tous, à commencer par Oyû elle-même, il épouse Oshizu. Le soir de sa nuit de noces, Oshizu refuse de consommer le mariage. Elle connaît les sentiments que son mari et sa sœur éprouvent l’un pour l’autre. Elle entend se sacrifier à leur bonheur en servant de médiatrice…
Critique
Réalisé entre La Dame de Musashino en 1951 et La Vie d’Oharu femme galante en 1952, Miss Oyu de Kenji Mizoguchi est un drame tiré des écrits de Junichiro Tanizaki et de son oeuvre Le Coupeur de Roseaux, excellente nouvelle au passage.
Mizoguchi s’imprègne de l’œuvre de Tanizaki, mais arrive tout de même à s’en défaire, pour ne garder que l’essentiel, la relation triangulaire entre Shinnosuke, Oshizu et Oyu.
Le film serait sans doute très ennuyant, si ce n’était pas Mizoguchi qui était chargé de la réalisation de ce dernier.
En effet, une fois de plus, Mizoguchi applique une mise en scène sobre et élégante, efficace et silencieuse, en un mot, majestueuse.
On suit au cours du film Miss Oyu, la vie de Shinnosuke qui par l’intermédiaire de sa tante sera présentée à Oshizu, une jeune femme raffinée, suivit de sa soeur Oyu, d’une beauté rare, interprété par l’actrice fétiche de Mizoguchi, Tanaka Kinuyo.
Il va alors tomber amoureux de Oyu et non de Oshizu, celle qu’on lui a promise en mariage.
Mais cette dernière va malgré elle, après avoir accepté de se marier, laisser sa place à Oyu, même si celle-ci n’est pas au courant du subterfuge.
Miss Oyu de Mizoguchi tient sa réussite dans sa mise en scène et l’hésitation amoureuse des personnages.
Mizoguchi s’attache à rendre ses personnages tourmentés par leurs sentiments quelque peu mouvementés, qui les torturent et les rendent malades.
C’est à travers, la barrière des traditions que Mizoguchi installe sa problématique scénaristique, Oyu étant veuve, doit respecter son vœux de ne jamais se remarier avec un autre homme, et de s’occuper de l’enfant de son couple.
Miss Oyu, c’est également, le mariage forcé, et donc une fois de plus, la description de la condition féminine sur ce point.
On peut remarquer qu’Oshizu est totalement soumise au bonheur de son mari, même si celui-ci aime une autre femme, elle fera tout pour lui laisser le chemin de ses envies, et de tenter de cueillir l’amour d’Oyu.
Mizoguchi réussit à montrer dans ses scènes, le tumulte des cœurs des protagonistes, notamment la scène où Shinnosuke allonge Oyu dans un lit, suite à un malaise de cette dernière, et sera tenter de profiter de son inconscience pour l’embrasser, mais tout de même retenu par le respect qu’il porte vers elle.
Mizoguchi étonne également par la beauté des plans qu’il propose au spectateur, entre décors fleuri, et intérieur purement traditionnels, Mizoguchi n’oublie pas d’afficher les traditions anciennes par le décor et dans les gestes des personnages, notamment lors de la dégustation de saké.
Mizoguchi affirme également la théâtralité de sa mise en scène, la sur-dramatisation des situations, et offre une fois de plus, un final de toute beauté, une fatalité assez floue et pourtant bien réelle, servit sur une magnifique musique de Hayasaka Fumio.
En conclusion, Miss Oyu est encore un grand film de Kenji Mizoguchi, une mise en scène de qualité et un interet certain pour les admirateurs des vieux films japonais, une époque où on savait encore mettre en scène une histoire et des acteurs.